samedi 20 février 2010

LA CONTINUITÉ TERRITORIALE

 Un peu d’Histoire

La Réunion est plus isolée du reste du monde que du temps de la marine à voile. A cette époque, comme elle était sur la route des Indes, , elle était reliée directement à la France, au Brésil, l’Afrique, l’Indochine et la Chine. Avec l’ouverture du canal de Suez , la route maritime est passée au nord et la Réunion a été isolée . Dès lors, pour sortir de l’île et y entrer et comme il n’y a pas de liaisons routières ou ferroviaires et que les paquebots ont été supprimés en 1971, il n’y a plus que l’avion.

L’avion doit être un outil au service du développement durable de la Réunion.

Trois constats.

Aucun pays au monde ne peut se développer en restant isolé. ( rôle du train dans le désenclavement des Régions ),

La population scolarisée de la maternelle à l’Université est de l’ordre de 245 000 jeunes. En 1946 (départementalisation ), la population totale de l’île était de 220 000 habitants

Tous les ans, près de 20 000 jeunes sortent de l’école et de l’Université et la Réunion ne crée que 4500 à 5000 emplois par an. Que fait-on de ces milliers de jeunes qui ne trouvent pas d’emplois ?

Une décision politique : La Continuité territoriale

C’est le fait nouveau.

Promesse électorale du candidat Jacques CHIRAC devenue ensuite une proposition dans la Loi Programme, la Continuité territoriale est aujourd’hui à l’ordre du jour. Des sommes ont été débloquées par l’Etat, 8 millions € en 2004, 2005 et 2006. Il s’agit cependant de ne pas laisser certains la dévoyer et proposer sous le même vocable un vulgaire ersatz.
Rappelons  que :
1°) la Continuité territoriale c’est une aide de 30 %
du prix du billet avion, apportée par l’Etat au nom de la solidarité, pour effacer le handicap de la distance et permettre aux habitants des DOM de se rendre facilement en métropole et en Europe. Cette aide n’est donnée que pour le sens Réunion -Paris A/R

du prix du fret à l’exportation

2°) cette aide à la personne est autorisée par l’Europe qui refuse, par contre, toute aide financière aux compagnies aériennes.

Deux questions se posent alors :
- 30% d’un billet à quel prix ?
- pour quel public?
Une vraie Continuité territoriale

Dans un premier temps nous ne parlerons que du transport passager.

« A quelque chose malheur est bon » dit le dicton. La crise provoquée par le Chikuncunya qui vide les avions des touristes, doit être l’occasion de mettre en place une vraie Continuité territoriale entre la Réunion et la métropole mais ouverte dans les deux sens : Réunion - Métropole, Métropole - Réunion.

Cette vraie Continuité territoriale permettrait en modulant l’aide au passager :

1°) humaniser l’émigration

en mettant le prix du billet à la portée du plus grand nombre, les parents de conditions modestes pourront ainsi revoir leurs enfants et petits enfants et ceux qui travaillent en métropole pourront revenir facilement en vacances

2°) participer à la formation

- des scolaires :tout jeune aura droit, au cours de sa scolarité obligatoire de 12 à 16 ans, à deux voyages minimum, vers la France et/ou l’ Europe : séjour découverte, contact avec les entreprises, séjour linguistique. Ainsi il pourra découvrir d’autres horizons et faire dès son plus jeune âge l’apprentissage de la mobilité et de la vie sous d’autres cieux.

- des étudiants : en 2010, près de 20 000 étudiants sont attendus. Il y aura donc un problème de places et de filières ( BTS, IUT ) que l’université ne pourra pas proposer. Il faut donc que les étudiants puissent partir en métropole, et en Europe.( cf la grève des BTS « Aéronautique » qui ne pouvaient pas faire le stage obligatoire en entreprise, faute d’entreprises implantées localement.)

- des professionnels:stages en entreprise, salons professionnels, formation, contacts commerciaux, congrès professionnels etc...

- des sportifs :stages, formations, compétitions avec d’autres équipes en métropole, en Europe etc...

- des artistes : stages, formations, échanges, cours, promotions, etc...

- des professionnels de santé : recyclages, formation continue permanente, échanges et recherche, congrès etc…

- des associations humanitaires, culturelles, cultuelles : échanges et partenariats pour la promotion et le développement des actions.

3°) lutter contre le chômage

En permettant aux demandeurs d’emplois réunionnais de répondre aux offres d’emplois en métropole, en Europe, par une mobilité maximale. Rappelons que 2010 verra le départ à la retraite de centaines de milliers de gens qui libéreront des emplois. Il faut donc que nos jeunes qui sont français et Européens, qui parlent la même langue et partage la même culture, puissent, dans les meilleures conditions, occuper ces postes.

4°) développer le tourisme

Qui est déjà le premier secteur d’activité pour l’ensemble des pays de la zone :

- En mettant le billet à 700 €, toute l’année, on favorise la venue de tous les touristes. Le tourisme ce n’est pas seulement les grands hôtels et les grosses agences réceptives. C’est aussi les tables et chambres d’hôte, les gîteurs qui accueillent les randonneurs, les activités de loisirs ( parapente, canyoning, plongées sous-marines, promenades en mer,les sociétés de transport etc…), toutes activités qui créent des emplois et participent au développement durable de la Réunion.

En faisant de la Réunion et de ses deux aéroports internationaux le H.U.B. international de l’Océan Indien pour les 450 millions d’Européens, les 350 millions de Russes et Ukrainiens.

5°) conduire une politique sociale basée sur la solidarité locale et nationale

Pour les handicapés, les malades qui ont besoin de soins particuliers, les personnes âgées, les familles nombreuses, etc… ( cf personnes de plus de 60 ans et mères de famille nombreuse ( 3 enfants) qui bénéficient de 50 % de réduction sur les trains et les navettes Air France...)

La Continuité territoriale relève de l’aménagement du territoire.

Le moment est venu de rompre avec la vieille conception du transport aérien, transport de luxe réservé à une clientèle privilégiée, dont les billets sont payés le plus souvent par la collectivité.
Il est temps d’ouvrir la Réunion sur le monde et au monde.

L’avion est un outil qui doit être mis au service de l’aménagement du territoire comme l’est aujourd’hui le TGV qui relie entre elles les différentes Régions de Métropole et bientôt de l’Europe. L’avion c’est notre TGV ( Transport Grande Vitesse )

Mise en place de la Continuité territoriale

C’est aux collectivités de déterminer la politique à mener pour le désenclavement de la Réunion (Continuité territoriale, transport des marchandises etc...) et non aux Cies aériennes. On imagine mal une politique de construction des lycées, de modernisation de l’Université etc... laissée à la seule volonté des entreprises de BTP! C’est la volonté Politique qui a mis Marseille et Bordeaux à 3H de TGV de Paris. Et l’on sait maintenant que cette politique a « boosté » l’économie de toutes les Régions traversées.

* La démarche que nous proposons et qui est celle adoptée par les autres RUP, consiste à :

1°) Définir d’abord la demande de la Réunion en matière de Transport aérien et non à la subordonner à l’offre des Compagnie aériennes.

Puisque nous sommes Français et Européens, n’en déplaise à certains, et que l’avion est le seul moyen de relier la Réunion à la métropole et à l’Europe, nous voulons:
- Pouvoir prendre l’avion comme on prend le train en métropole.
- un avion aux normes de confort international ( pas de bétaillère ) et régulier.

2°) A quel prix ? ( notion de prix plafond )

Nous l’avons déjà dit, c’est actuellement la cacophonie et le désordre tarifaire.

- Nous voulons un avion avec uniquement deux classes (comme le TGV ).
- La 1ère, au tarif libre (en général les utilisateurs ne paient pas leur billet qui est pris en charge par la collectivité ou l’entreprise).
- la seconde, au « juste prix », c’est à dire à un prix où la Cie ne perd pas d’argent, assure ses investissements, la rémunération de ses actionnaires, mais avec lequel elle ne fait pas de super bénéfices sur le dos d’une clientèle captive comme c’est le cas à la Réunion.

Ce juste prix correspond au « prix plafond » accessible à tous les passagers et toute l’année . Coll’Air l’a empiriquement déterminé à 700 euros.

Comme, avec le désordre tarifaire actuel et le secret maintenu par les compagnies aériennes, il est difficile de le déterminer, nous demandons qu’il le soit par une Commission d’enquête parlementaire ou par un appel d’offres européen.

3°) Pour quel public ?
C’est sur ce prix plafond que sera accordée l’aide financière de la Continuité territoriale, modulée en fonction des revenus , de l’âge des voyageurs et de la politique que l’on veut promouvoir. Pour fixer les idées, le bénéficiaire de l’aide de 30% n’aura à payer que 700 - 210 = 490 € .

Les prix doivent être modulés pour accorder une réduction de :
- de 50% ( ne laissant à leur charge que 350  €) pour les jeunes qui vont en métropole ou en Europe pour des séjours linguistiques, des stages en entreprises, la formation professionnelle, les rencontres sportives ou artistiques.

- de 20% pour les chefs d’entreprise, une fois par an, pour assister à des salons professionnels;

- de 80% pour les grands- parents de conditions modestes, , tous les deux ans, pour aller voir enfants et petits enfants ;
- de 80% pour les jeunes ayant trouvé un emploi en métropole alors qu’aujourd’hui l’aller simple coûte plus cher que l’aller et retour;

de 30% pour les Réunionnais installés en métropole, tous les deux ans, dans le sens Métropole- Réunion,
Avec 24 millions d’euros ( aide de l’Etat 2004, 2005, 2006 ) et pour une aide moyenne de 50%, ce sont 68 571 personnes que l’on peut aider à voyager et essentiellement pendant les périodes creuses car les stages en entreprises, la formation professionnelle ne se font pas en Juillet, Août en métropole. Avec une marge bénéficiaire, les compagnies aériennes recevant 700 € par passager, seront rentables sans arnaquer la clientèle captive que représentent les habitants de la Réunion. Il est bien évident que ces places « Continuité territoriale » feraient l’objet d’un quota sur tous les vols laissant ainsi libres les tarifs de la première classe et ceux des places hors quota.

A titre d’exemple, le ministère d’Outre- mer a annoncé en 2004 la prise en charge de 30% du prix d’un billet d’avion, une fois par an, entre Tahiti et Paris pour les résidents de la Polynésie Française.
4°) Création d’un office de la mobilité ou du transport ( nous ne sommes pas regardant sur le vocabulaire utilisé ) pour gérer cette continuité territoriale et ces aides sociales.

C’est un guichet
* unique et impartial où sont regroupés :
tous les fonds publics disponibles( aides de l’Etat, de l’Europe, de la Région (mobilité ) et du Conseil (CNARM) ;
les demandes individuelles ou collectives (séjours linguistiques, rencontres sportives, rencontres d’artistes, stages en entreprises etc..
.
* neutre ( pas électoraliste )
- distribution des cartes de réduction.
Ainsi, en fonction des critères et des périodes définis par les collectivités, l’ayant droit, sur présentation de sa carte d’identité et de sa carte de réduction peut ensuite aller prendre son billet directement à l’agence ou au bureau des compagnies qui ont accepté de pratiquer le  « prix plafond ».

A titre d’exemple, lorsque je vais dans une gare SNCF en métropole pour demander la carte « Senior », on ne me demande pas ma feuille d’impôts ou si un élu a fait pour moi « un petit geste », on ne me demande que ma carte d’identité et vu mon « grand âge », on me donne ma carte « Senior » sur laquelle sont inscrits les conditions( pourcentage de réduction 25 ou 50% en fonction des périodes. Dans le cas où ces conditions ne sont pas respectées, je voyage comme tout le monde au tarif normal.
Il en est de même avec la navette Air France Paris – Toulouse.

* Ce système étant mis en place, il appartient aux collectivités
- de se retourner vers l’Etat et l’Europe pour réclamer une aide conséquente pour généraliser cette continuité territoriale et faire face aux augmentations des prix.

- d’exiger que le traitement des pointes soit fait par des vols supplémentaires ( ce que fait la SNCF ) ou par des avions de plus grande capacité, au même prix. Il faut être conscient que si les Compagnies savent qu’il faut prendre à la Réunion des milliers de passagers, elles se débrouilleront, pour que le marché ne leur échappe pas, de trouver les passagers à mettre dans l’autre sens.

- de reprendre la gestion de l’aéroport ( plus de concession à la chambre de commerce).

Un chose est certaine, si cette continuité territoriale n’est pas mise en place rapidement la Réunion risque de ne pas pouvoir bénéficier de l’aide de l’Europe, lorsque celle-ci sera re-négociée , compte tenu de son élargissement.

G. GERARD ( 05/ 04/ 2006)

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